Provocation

Un outil sémantique puissant

J'ai déjà abordé le sujet mais je voulais aller un peu plus loin…

Vous vous souvenez surement tous de ce mois de Juillet 2006, lorsque Zinedine Zidane, pendant la finale de la coupe du Monde à Berlin, avait mis un magnifique coup de tête dans le thorax de Materazzi et s'était fait expulser. La provocation du joueur italien, qui avait, semblerait-il, eu des mots désobligeant envers la mère et la sœur de Zidane, avait provoqué une réaction physique disproportionnée de ce dernier. Un peu comme à l'école, lorsque ton petit camarade traite ta mère de p... et qu'en retour tu lui mets une mandale, la finalité est que c'est toi qui te retrouve dans le bureau du directeur et non celui qui a provoqué. Les bienpensants vous diront qu'on ne résous rien par la violence et que donc, c'est vous qui n'aviez qu'à pas réagir sauf qu'ils ne savent pas comment fonctionne les circuits primaires d'un individu.

La provocation a toujours un but sémantique, au sens de Korzybski du terme donc incluant le symbole, elle met celui qui reçoit ce symbole dans un état d'hostilité mais surtout, elle a le pouvoir d'imprimer le symbole qu'elle envoie. Vous pouvez demandez des années après à une personne ce qu'on lui a dit le jour où elle a cassé le nez de son provocateur, elle s'en souviendra mot pour mot.

Les médias, les organisateurs d'évènements, les marketeurs et autres publicitaires le savent très bien. Il faut se rappeler comment Benetton et Perrier ont fait la réputation de leurs marques grâce à cet outil sémantique. La pub choquait le circuit socio-sexuel moral de la masse, provoquait une réaction, les médias s'emparaient de la réaction et faisaient le buzz autour de ça.

Je suis sûr que les plus anciens se souviennent de ces publicités tellement elles furent médiatisés.

Campagne Benetton H.I.V. Positive en 1993 – Pleine période de la lutte contre le SIDA

Pub Perrier censurée de 1976 simulant la masturbation d'une bouteille jusqu'à l'éjaculation

Pour reprendre le cas de Zidane ou de l'élève, on touche à leurs morales en traitant leurs mères ou sœurs d'adjectifs pas très Coubertin.

Tout comme la campagne de pub de Benetton, choqua l'opinion publique parce qu'en pleine période de la lutte contre le SIDA, ils exhibaient fièrement un coup de tampon qui choqua ceux qui avaient encore dans leur inconscient collectif le marquage des juifs pendant la seconde guerre mondiale mais aussi ceux qui luttaient contre la maladie, d'ailleurs certains malades se sentant stigmatisés attaqueront la marque en justice.

Encore une fois, on touche à la morale et la publicité n'a même pas besoin de montrer l'objet qui est promu par la marque, on ne parle que de celle-ci, partout, pendant des semaines.

Le cas Perrier est aussi intéressant à cet égard, malgré la censure, on a vu cette publicité maintes fois partagée même des années après dans des émissions comme Culture Pub, jusqu'à en refaire une réédition en 2009.

D'ailleurs, les allusions sexuelles ne manquent pas chez Perrier, il faut voir aussi leur campagne de pub de 2014 qui a choqué les féministes ainsi que les puritains.

Campagne de pub Perrier de 2014

C'est exactement ce qui s'est passé avec la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. La provocation outrancière qui va amener une réaction attendue de l'opinion publique car lorsque l'on travaille dans le marketing, on sait que la provocation fait réagir violemment le receveur que ce soit verbalement, physiquement ou juridiquement d'ailleurs, mais on s'en fout, ça fait parler.

Et en tant que provocateur, je sais de quoi je parle, mes propos choquent sciemment parce que ce que j'attends derrière, c'est une réaction. Et je peux prendre des torrents de merde derrière, je m'en fous totalement, j'assume le fait de choquer pour que ça produise un effet sur le circuit socio-sexuel moral des gens.

Quand je dis à un croyant d'une des religions du Livre qu'on est tous consanguins depuis Adam et Eve, c'est pas uniquement dans le but de choquer pour choquer, c'est pour amener la personne à se questionner aussi sur le symbole plus que sur le premier niveau de lecture tout en poussant à l'extrême réalisme de comment un couple seul sur Terre peut peupler le monde. C'est pareil quand je parle du cousin et de la cousine dans Epignosis, je sais que ça ne va laisser personne dans l'indifférence, certains vont s'identifier, d'autres vont être à la limite de la gerbe, mais techniquement, ça aura agit sur leur circuit socio-sexuel moral dans tous les cas et ils auront compris comment celui-ci réagit à un stimuli, enfin, je l'espère !

Néanmoins, une provocation amène souvent une réaction disproportionnée du fait même de l'attaque à la morale de l'individu. Pour ceux qui ont suivi les travaux de Wilson et Leary, on sait que le circuit socio-sexuel moral est au-dessus de celui sémantique, de celui émotionnel territorial, et celui de biosurvie.

Le blasphème est de ces provocations qui touchent le circuit socio-sexuel moral en profondeur parce qu'il agit à la fois sur la croyance, la morale mais aussi le circuit collectif d'une masse car au lieu de titiller un individu en particulier, on pique sciemment un groupe de personne.

Et lorsque l'on sait manipuler ces circuits, en attaquant directement le circuit socio-sexuel moral, on sait pertinemment que la réponse sera disproportionnée, et mêlera sémantique (harcèlement et violence verbale), émotionnel territorial (besoin de soumettre l'autre à ses propres règles) et de biosurvie (menace sur l'intégrité des personnes, voire la violence physique).

Les attentats de Charlie Hebdo sont là pour nous rappeler la façon dont cela opère. Que l'on soit Charlie ou pas, n'est même pas la question, ou du moins, elle l'est en second plan. Une masse uniforme rassemblée autour d'un symbole (en l'occurrence le prophète) se sent touchée par rapport à son circuit socio-sexuel moral et même si elle n'adhère pas à la réponse terroriste qui en a suivi, elle ne défend pas non plus la provocation qui a été faite à l'origine contre ce même circuit. C'est l'injonction qui est faite par les médias par la suite qui oblige à se positionner « Charlie vs Pas Charlie ».

Donc, en mettant en scène cette provocation lors de la cérémonie d'ouverture, il y avait une intention derrière, celle qu'il y ait réaction de la part de ceux que la république déteste le plus.

Et on peut toujours essayer de nous bourrer le mou par la suite en disant au peuple qu'il est inculte parce qu'il ne sait pas faire la différence entre « La cène » et « Le festin des Dieux » parce que l'on assume pas sa propre provocation, c'était une provocation…

D'ailleurs, il y avait même une intention encore plus symbolique à jouer sur la sémantique : La Cène qui se joue au-dessus de la Seine avec ensuite un défilé sur la scène !

On ne peut pas me dire qu'une armée de communicants, de marketeurs et d'organisateurs d'évènements qui couvrent ce genre d'évènements mondiaux n'avaient pas prévu le scandale que cela allait produire auprès des chrétiens du monde entier mais aussi d'autres communautés qui ont été choquées par la sur-représentation de la sexualité déviée de sa norme majoritaire.

Parce qu'il faut comprendre que ce qui fait exception n'est pas norme, ce peut être accepté par le groupe mais ce n'est pas ce qui prévaut. Et que ce soit La Cène, représentée avec des drag-queens, la présence d'une enfant au milieu de ces personnages, les gestes douteux de certains, l'exhibitionnisme de Philippe Katherine ayant été censuré dans certains pays (qui étaient donc au courant en avance du contenu de la cérémonie) ou encore la couille d'un des personnages qui dépasse tout en passant par le trouple multiculturel, le choix des livres dans la bibliothèque comme les liaisons dangereuses où on parle de la décadence des milieux aristocratiques libertins à la veille de la Révolution française ou le diable au corps où un jeune lycéen de quinze ans, dont l'identité reste anonyme, entame une liaison amoureuse avec Marthe, une femme adultère dont le mari est au front pendant la seconde guerre mondiale, on est loin du circuit socio-sexuel moral dominant.

J'en ai vu des dizaines de scripts et de storyboard avec mon boulot, tous ces détails sont notés et chaque plan est défini à l'avance même sur le choix de la symbolique. Par exemple, vous voulez faire écolo dans un milieu industriel pour une interview, vous rajoutez quelques plantes en arrière-plan même si la profondeur de champ va flouter les plantes, le symbole sera là, il s'imprimera inconsciemment.

Donc la profusion de détails faisant référence à la sexualité débridée et hors norme avait pour objectif principal de créer l'overdose chez le spectateur. Vous pouvez tourner ça dans n'importe quel sens, ce n'était pas le Paris de la liberté sexuelle à la Jules et Jim que l'on a essayé de nous vendre par la suite et qui avait par ailleurs une scénographie digne de photographies de Doisneau, non, là, on était dans la vulgarité et l'excès.

Et clairement, si on avait voulu faire en sorte que ça rassemble plutôt que ça ne provoque, ce sont des petites touches de scènes à la Doisneau qui auraient été choisies, le Paris comme il est fantasmé à l'étranger une petite scène à la Jules et Jim en noir et blanc, peut-être une représentation de chez Michou dans un style cabaret, mais pas le Paris bobo-décadent graveleux et dégueulasse de vulgarité. Donc tout ça était intentionnel, prémédité et provocateur, point !

Après, s'est mise en place la chouinerie et les plaintes. Parce que oui, quand on a pas les épaules pour supporter la réaction à la provocation, on fait comme le gamin à l'école qui s'est pris une pèche parce qu'il a traité ta mère, on va voir le dirlo ! Et aujourd'hui, le dirlo, c'est la justice…

Dans tous les cas, je n'avais pas compris sur le coup pourquoi ils avaient laissé faire et pourquoi toute l'équipe en était presque à se dire « Tiens, si on faisait sodomiser Jésus par une licorne, ce serait assez subversif, tu crois, Roger ? »

Et c'est en faisant du scrolling sur X en regardant Le Parisien que j'ai compris.

Ils ont enclenché le mode répétition, autre outil sémantique qui tend à faire rentrer dans le crâne du pékin moyen une information sans qu'il n'ait même plus à réfléchir. Voir le mot plusieurs fois ou le faire répéter à des journalistes, c'est créé une réalité qui va finir par s'imprimer chez ceux qui n'ont jamais fait face au sujet.

Aujourd'hui le mot d'ordre c'est "cyberharcèlement", comme j'avais expliqué dans mon live sur la censure, ils ont mis en place le DSA qui va permettre de censurer sur la base de mots-clés, de plus, ils ont déjà fait en sorte que certaines vidéos sur le sujet de la cérémonie ne soient plus diffusés pour « droit d'auteur » mais surtout, ils vont pouvoir mettre en place la levée du pseudonymat sous couvert de ce qu'ils ont eux-mêmes provoqué (petit aparté : une cérémonie payée par nos impôts dont on ne peut pas utiliser les images, c'est un peu fort…).

Et je répète, le pseudonymat est une garantie de pouvoir s'exprimer librement sans risque d'exclusion de son emploi, par exemple… Parce que si tu roules en gros 4x4 qui pollue et que tu bosses pour une boite qui prône l'écologie, et qu'un jour tu te prends la tête avec un SJW sur le net qui sait qui tu es, c'est pas dit qu'ils ne fassent pas pression sur ta boite pour te virer…

Bref, on aura gagné le jackpot de la mise en place d'une police de la pensée sous couvert de lutte contre le cyberharcèlement.

Bien vu la bête.

En parlant de la bête, j'ai fait sciemment l'impasse dans cet article sur toutes les références symboliques comme les 3 enfants qui disparaissent dans le tunnel sous la Bastille (si j'ai bien reconnu l'endroit) ou encore la jolie pyramide de lumière avec l'œil créé par un étage de la tour Eiffel et l'angle de vue de la caméra, le cavalier d'acier laissant imaginer l'un des cavaliers de l'apocalypse, la tête de taureau dont on nous dit « non, ce n'est pas le veau d'or », bien sûr que ce n'est pas le veau d'or mais le décor aurait été décalé de 2 mètres vers l'avant, cette tête recouverte d'une couleur or pour l'occasion n'aurait pas posé question. Parce qu'entre le début avec les gamins que l'on ne revoit plus et la tête du taureau en or à la mode Baal / Moloch, lorsque vous lisez un script, vous savez au minimum que ça sera interprété.

Donc, pour revenir à la question des internautes « incultes » qui ne font pas la différence entre la Cène et le Repas des Dieux, qui en est un détournement, et la programmation du spectacle qui fait semblant de ne pas comprendre que les symboles qu'ils enchainent ont des relents bibliques, on se demande où sont réellement les incultes…

A moins que ça aussi soit fait sciemment pour faire parler le complotiste, sachant que ça continuera à faire couler de l'encre et permettra toujours de les discréditer en ayant préparé à l'avance la contre-argumentation.

Bien que l'article 50 alinéa 2 de la charte des Jeux Olympiques stipulent : « Aucune manifestation ou propagande politique, religieuse ou raciale n'est autorisée sur aucun site, lieu ou autre zone olympique. », il est à se demander si la sous-représentation de l'hétérosexualité, de l'homme blanc et la propagande mettant en avant des symboles anti-chrétiens ne tombent pas sous le joug de cette charte.

Je vous laisse méditer sur le but réel de ce spectacle qui n'était qu'une nouvelle tentative de manipulation des masses à des fins politiques.

Bon weekend à tous

Frater Seth

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