
Liber OZ et Liberté
Le Liber OZ pour les nuls
Aujourd'hui nous allons parler du Liber OZ que l'on pourrait rapprocher de la déclaration des droits de l'Homme à la mode Thélémite.
Cette petite étude va nous permettre de comprendre un peu mieux certains points souvent mal interprétés car lus avec un point de vue externe à la pensée crowleysienne ou parfois totalement détourné de son sens par des personnes qui, soit se réclament de lui sans en avoir compris l'essence et ne connaissant pas son histoire, soit sont malintentionnées et souhaitent faire passer l'intégralité des Thélémites pour des satanistes ou des nazis, au choix. Alors parlons d'histoire…
Un peu d'histoire
Crowley a écrit le Liber Oz pendant la seconde guerre mondiale, afin d'établir des règles que chaque Thélémite devrait suivre et qui permettrait aussi de mesurer le niveau de tyrannie d'un gouvernement quelconque. Pour comprendre le contexte, il faut remonter à la première guerre mondiale, plus précisément en 1915.
Crowley est devenu un contributeur régulier de The Fatherland, un journal pro-allemand, laissant beaucoup de gens conclure que Crowley était un traître, mais rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Bien qu'un nuage de mystère entoure toujours les détails de ses activités clandestines, il ne fait aucun doute que son travail pour The Fatherland était de la contre-propagande ironique et des preuves confirment que Crowley a effectivement travaillé avec les services secrets britanniques; la seule vraie question est, dans quelle mesure?
Car il faut se souvenir qu'il était avant tout un patriote anglais qui, dans les deux guerres mondiales, a publié de la propagande en faveur de la cause britannique. Il vaut peut-être mieux examiner simplement ses paroles à ce sujet. Dans son auto-hagiographie, Crowley a expliqué :
J'ai décidé d'une ligne de conduite, qui me semblait la seule possible dans une situation que je considérais comme extrêmement grave. Je devais écrire pour The Fatherland. En faisant cela, je devais me couper temporairement de tous mes amis, de toutes les sources de revenus, je devais apparemment déshonorer un nom que je considérais ma destinée à faire immortel, et je devais avoir à m'associer en matière d'amitié avec des gens dont l'apparence très physique a failli reproduire en moi les résultats éventuellement bénéfiques de la traversée de la Manche par une mer agitée.
Mais la propagande allemande a été aussi bien faite que la mauvaise propagande britannique. Avec un peu plus d'ascendant sur Viereck, je pouvais gâcher complètement son jeu en faisant autant de mal à l'Allemagne que le Patriote Bottomley et les autres poissonnières à gorge-rauques de Fleet Street n'en avaient fait à l'Angleterre. J'ai rencontré plus de succès que je ne l'avais espéré.
Quelles que soient les conclusions que nous puissions tirer sur les activités de Crowley au cours de cette période, il a personnellement tiré de ses expériences qu'il se rappela à l'éclatement de la Seconde Guerre Mondiale.
Il faut aussi se rappeler qu'il rédigea une chanson en l'honneur des combattants pour la libération de la France : La Gauloise (Song of the Fighting French). Elle a été publié le 14 juillet 1942 et portait initialement le sous-titre Song of the Free French (Chanson du Français Libre). Cependant, celle-ci a été rapidement modifiée pour Song of the Fighting French (Chanson du Français Combattant) par respect pour le général de Gaulle, chef de la résistance française, qui a utilisé la bannière du « Français Libre » dans la lutte contre l'occupation allemande.
Espérant inspirer la résistance française, Crowley envoya une copie de La Gauloise au Général de Gaulle ainsi qu'une copie de Thumbs Up!.
Ci-dessous les paroles de cette chanson :
Traîtres, à mort ! Couards, à
mort !
Au vent l'essor du tricolore !
Marchons (chargeons, brisons, moulons)
A la revanche, au châtiment !
Balayons, au néant sans fin,
Les barbares, les assassins!
Tous, en avant ! Bannière, avance !
Haut, ferme, fort! Vive la France!
—Aleister Crowley, La Gauloise
Il reçut la réponse suivante du cabinet du Général de Gaulle :
Monsieur, je suis chargé par le général de Gaulle de vous remercier pour votre lettre du 12 mai. Nous avons lu votre chanson avec un vif intérêt. Nous sommes touchés par les beaux sentiments que vous exprimez d'une manière si charmante.
Revenons à nos moutons… Dans la matinée du 21 Décembre 1941, deux semaines après l'attaque sur Pearl Harbor et pendant le solstice d'hiver, Crowley a fait un « Geste Magique » en publiant officiellement le Liber OZ.
Il a enregistré les noms des 11 premiers destinataires, chacun chef de file dans leur secteur particulier. Dans cette liste figuraient :
- Littérature - H.G. Wells
- Pairie & Presse & Diffusion - Lord Edward Donegal
- Médecine - Ivor Back
- Art - G.F. Kelly
- Armée - Général Fuller
- Marine - Sir R Keyes
- Agriculture - FW Hylton
- Loi - Lord Maugham
- Eglise - Vicaire de Saint-Georges
- Commerce – Allchild
- BBC et Scène - Esme Percy.
Crowley enregistra 9H45 comme l'heure exacte à laquelle il envoya ce premier lot. Ce n'était pas une première pour Crowley de noter à qui les premiers exemplaires de ses publications étaient destinés, c'était même assez courant. Mais habituellement les premières copies étaient envoyées aux membres de l'A∴A∴, de l'O.T.O. ou à ses proches associés. Cependant, dans ce cas précis, Crowley a choisi délibérément des personnes influentes dans la société, attendit le bon moment Magique et enregistra l'heure exacte de l'émission. En distribuant Liber OZ de cette manière Crowley a planté les graines, de ce qu'il espérait être «une putain de grande révolution.».
Le Liber OZ, que Crowley appela initialement les «Buts de la Guerre de la Thélèma », a été compilé sur plusieurs mois dans la dernière partie de 1941. Cette proclamation des droits de l'homme, a été presque entièrement créée à partir de deux sources écrites précédemment; le Liber AL vel Legis et les rituels de l'Ordo Templi Orientis. Elle sera la dernière proclamation de Crowley à l'humanité et sans doute sa plus belle.
Ce Liber fut un travail magique à part entière, c'est-à-dire que chacun des mots a été pesé, chaque section a été reliée à une sephira, le titre même a été calculé par la gématrie, la date de publication a été tiré aux bâtons de Yi-King et sa diffusion a même été suivie par une « observation de masse » qui, quand on connait le jargon de Crowley, voulait dire qu'il voulait valider la puissance de ce texte sur les personnes qui le lisaient, comme tout travail magique doit être validé par l'expérience. Ne pas oublier non plus que sa revue Equinox affichait comme sous-titre : « La méthode de la science – Le but de la religion » qui était une description de ce qu'il appelait l'illuminisme scientifique.
On va donc décortiquer ce Liber et essayer d'expliquer ce qu'est la liberté et quelles sont les limites à celle-ci.
Commençons par les 5 déclarations.
Les 5 déclarations
« la loi du fort : c'est notre loi et la joie du monde. » – AL. II. 21
A première vue, ça fait un peu peur, la loi de la jungle diront certains ! L'anarchie, quelle horreur, quasiment le nazisme…
Le fort, selon Crowley, est celui qui a une vraie connaissance de sa nature. « Nous ne voulons rien avoir à faire avec des pensées ou des émotions impropres; tuons-les; laissons-les mourir dans leur affliction. Les pensées impropres n'ont aucune autonomie en dehors de soi et ne se manifestent que par le mécanisme du Nephesh et de nos actions sur Malkuth. » Cela signifie que chacun est responsable de ses conditions de vie et de ce qu'il tire de ses expériences.
Mais cette force, c'est aussi d'appliquer sa propre Volonté résultant de la séparation de l'inné et l'acquis ainsi que d'assumer ses propres actes fait en conscience. Dans le monde moderne où le peuple est abreuvé au sein de maman la république, où la soumission à l'état, au diktat de la pensée unique, aux injonctions à se positionner pour le camp du bien, qui peut se targuer de faire réellement selon sa propre Volonté sans avoir été manipulé d'une manière ou d'une autre par le système ?
Il y a, dans cette première déclaration, une question de responsabilité sous-jacente : celle d'œuvrer pour un monde meilleur en appliquant des règles simples prônant la liberté individuelle qui ruissellerait vers le collectif : cette joie du monde.
« Fais ce que tu voudras sera le tout de la Loi. » — AL. I. 40
Cette maxime est utilisée par les Thélémites comme le cœur de la pensée crowleysienne. Comme il a été maintes fois expliqué, le « fais ce que tu voudras » ne veut pas dire de faire comme bon nous semble sans en assumer les conséquences et sans se soucier des autres. Néanmoins, l'interprétation d'un texte est soumis au biais idéologique de son lecteur, si celui-ci est individualiste, matérialiste, égotique, cette maxime va prendre une teinte qui va accentuer ce côté chez lui, c'est cette façon d'appréhender la vie qui a perverti ce message chez ceux qui se sont revendiqués de Crowley en ayant uniquement gratté la surface du bonhomme et sans avoir fait, un tant soit peu, un travail sur eux-mêmes. Et ce même angle de lecture a été repris par les complotistes et extrémistes religieux de tous bords comme preuve d'un matérialisme menant au satanisme dans la pensée crowleysienne. De là à dire que ces deux approches ne sont que les faces d'une même pièce, il n'y a qu'un pas.
Ceci est oublier le fait que cette maxime, est reliée au terme Thelema qui, dans le Nouveau Testament, désigne principalement la Volonté ou le désir de Dieu, englobant ses plans et ses desseins souverains. Il peut également désigner la volonté ou le désir humain, bien qu'il soit le plus souvent utilisé dans le contexte de la Volonté Divine. D'ailleurs, la notion de Véritable Volonté, c'est-à-dire celle qui émane d'une Volonté supérieure est la recherche constante du Thélémite afin de ne pas se laisser manipuler par des considérations purement matérielles et profanes.
Crowley a écrit qu'il s'agit du « précepte éthique le plus sublimement austère jamais prononcé » de l'histoire humaine et qu'il est considéré comme l'énoncé le plus profond du corpus de la littérature Thélémite. On pourrait dire que l'intégralité de la théorie nouvelle-éonique provient uniquement de ces onze mots.
En fin de compte, Crowley croyait que la Loi du « Fais ce que tu voudras » était la « clé universelle de chaque problème de la vie », demandant ainsi à chacun d'assimiler cette Loi en en faisant la norme de leur être conscient. De plus, il pensait que cela suffirait à lui seul pour initier l'Aspirant à « se dévoiler à lui-même; et qu'il atteindrait ainsi la Connaissance et la Conversation de son Saint Ange Gardien. ».
« tu n'as d'autre droit que de faire selon ta volonté. Fais-le, et nul ne pourra dire non. » — AL. I. 42–43
Tout ce qui amène quelqu'un à s'écarter de son vrai chemin doit être considéré comme préjudiciable pour l'esprit et donc de nature oppressive.
La liberté de cette ingérence est la marque distinctive de la souveraineté Thélémite. Finalement, c'est l'égo qui est le plus souvent la source d'interférences. En d'autres termes, « nul ne pourra dire non » pourrait impliquer que personne d'autre que vous ne pourra dire non. Comme Hafez a dit : « Vous êtes vous-même votre propre obstacle - élevez-vous au-dessus de vous. ».
Mais il ne faut pas non plus exclure de cette déclaration l'aspect martien et combatif car faire selon sa volonté nécessite de se battre pour ses idées, quitte à être ostracisé ou pointé du doigt. Dans tous les cas, si la Volonté est Juste et en accord avec l'ordre naturel des choses et dénuée de manipulations purement terrestres, les choses se feront que ce soit dans la joie ou dans la douleur.
« Chaque homme et chaque femme est une étoile. » — AL. I. 3
Sur cette ligne, Crowley a écrit « Sa déclaration principale est que chaque être humain est un élément du Cosmos, autodéterminée et suprême, à égalité avec tous les autres dieux. ». En tant que dieux, nous ne sommes pas esclaves du destin, bien que liés par nos actions dans l'univers manifesté. Chacun dicte son propre cours et est capable de provoquer un changement, en conformité avec la Volonté, conduisant à la création de nouvelles, et même favorables, conditions.
Bien que l'humanité soit souvent préoccupée par les défis de la vie profane, cela n'enlève rien à notre nature étoilée car il y a de la joie dans notre errance. Quand ceci est bien compris, tous les aspects de notre vie deviennent une partie d'un mythe divin, et la véritable portée de ce que cela signifie pour être une « Étoile » est entièrement réalisé uniquement lorsqu'on la perçoit. Il y a en effet un but dans chaque aspect de l'incarnation, et chaque expérience, bonne ou mauvaise, est très certainement une affaire de Dieu avec l'Âme. La question n'a jamais vraiment été si nous sommes des Étoiles, mais si nous, dans nos orbites particuliers, donnons de la lumière et de la vie, de la subsistance et de la joie à ceux qui gravitent autour de nous.
Kabbalistiquement parlant, la plupart identifieraient cette Étoile comme Tiphareth, la séphira correspondant au Soleil et qu'on dit être le siège de la conscience humaine. Cette étoile est située au centre de l'univers microcosmique, le Ruach et l'égo. Carl Jung placerait ce même égo au centre de la zone de la conscience. Comme Jung, Crowley a reconnu que l'égo n'est qu'une partie de la psyché totale. Plus important encore, ils ont tous deux compris que l'égo est une identité de notre propre construction et de ce fait, intrinsèquement faux. Pour cette raison, de nombreux maîtres ont enseigné que l'égo est un voile entre l'Homme et Dieu qui doit être déchiré si jamais nous voulons connaitre le Divin.
En gros, le « Connais-toi toi-même et tu connaitras l'Univers et les Dieux » prend un sens mystique tout en le reliant à une simplicité terrestre.
« Il n'est d'autre dieu que l'homme. »
En déclarant « Il n'est d'autre dieu que l'homme, », Crowley ne nie pas l'existence de divinité.
Comme j'aime à le rappeler, Crowley écrivait dans Magick Without Tears : « Le magicien se remplit de Dieu, se nourrit de Dieu, s'enivre de Dieu. Peu à peu son corps se verra purifié par la lustration interne de Dieu ; jour par jour son cadre mortel, effaçant ses éléments terrestres, deviendra en toute vérité le Temple du Saint-Esprit. Jour après jour, la matière est remplacée par l'Esprit, l'Humain par le divin; ultimement le changement sera complet ; Dieu manifesté dans la chair sera son nom. ».
Par-là, il explique l'état qu'on pourrait dire de Samadhi qui, dans l'interprétation védantique du yoga, désigne un état d'union avec le « dieu » intérieur (âtman) ou d'absorption dans l'absolu, le Dieu qui englobe le tout (brahman).
Cela peut être mieux compris si nous acceptons qu'à un certain niveau, chacun est le Mage de son propre Univers. Nous exprimons notre Parole dans Chokmah qui passe à travers la lentille de Ruach ou de l'ego, puis descend dans le subconscient de Yesod, ce qui aboutit finalement à une manifestation plus bas en Malkuth. Symboliquement, cela pourrait être vu comme la colombe descendant dans la coupe lors de la Pentecôte. L'Esprit Saint transpirant à travers le mage, celui-ci enflammant son cœur, ouvrant ses bras en forme de coupe et recevant une part de Dieu en lui.
En essayant d'expliquer une énigme philosophique similaire, c'est-à-dire comment le divin et le profane pouvaient être un en même temps, le Bouddha a parlé d'une vérité essentielle derrière tout ce qui était double dans la nature; d'une part absolue et d'autre part conventionnelle. La vérité conventionnelle implique la réalité manifestée, « ce qui est », tandis que la vérité absolue parle de la vérité ultime derrière tout, que le Bouddha a décrite comme le néant. Kabbalistiquement parlant, vous pourriez voir cela comme une Vérité au-dessus et au-dessous de l'Abîme, chacune faisant partie du même Arbre, et au final, les deux conditions préalables pour que la manifestation se produise.
À travers les âges, l'Humanité a été piégée dans l'illusion d'une existence dualiste, entraînant l'externalisation de la divinité. Bien que cela ait causé beaucoup de souffrances, Dieu est quelque chose que nous avons toujours recherché en dehors de soi. Même aujourd'hui, une grande partie de l'Humanité ne peut pas échapper à cette pensée, croyant qu'elle est, en quelque sorte, inférieure ou séparée des dieux, comme bannie du Jardin d'Eden pour ses péchés.
Pendant des siècles, l'humanité s'est reléguée à une position subordonnée à un Dieu esclavagiste qui n'existe pas. En déclarant qu'il n'y a pas d'autre Dieu que l'homme, Crowley a rectifié cette hérésie en suggérant que la vérité ultime est mieux comprise dans un sens non dualiste. Que Dieu et l'Homme ne font qu'un. Le fait que nous vivions dans un monde de dualité est une question totalement distincte, tout ce qui se trouve en dessous de l'Abîme est divisé dans l'intérêt de l'amour, afin que nous nous connaissions nous-mêmes.
Les 5 divisions
Considérons les corrélations suivantes entre OZ et le Chemin de l'Initiation :

Liberté Morale
- L'homme a
le droit de vivre selon sa propre loi — de
vivre de la manière dont il veut le faire:
de travailler comme il le veut:
de jouer comme il le veut:
de se reposer comme il le veut:
de mourir quand et comme il le veut.
À la base, la morale, l'éthique et les lois sont tous des principes qui devraient conduire à une bonne conduite, mais dans la pratique, nous constatons que cela n'est que parfois vrai. L'histoire regorge d'exemples qui démontrent que ce qui est vraiment moral transcende souvent les normes sociales. Il est probable qu'il n'y ait jamais eu de moment dans l'histoire où cela n'a pas été vrai à un certain niveau.
Historiquement, la religion a joué un rôle majeur dans la dictée de la morale, mais elle nous a toujours manipulés et induits en erreur, tout comme les intérêts personnels de nos gouvernants (élites). Permettre à la religion ou à un gouvernement de dicter la morale, il se trouve, n'est pas dans le meilleur intérêt de l'humanité. Faire cela a donc conduit à la souffrance de millions, car durant des siècles les églises et états du monde entier ont aliéné et persécuté ceux qui sortaient des paramètres de ce qu'ils considéraient comme acceptable.
Le problème principal de la morale est qu'elle limite le libre arbitre, prenons le cas de la crise du COVID, la morale dictée par le gouvernement était : « Si vous êtes pas vacciné, vous allez tuer papy et mamy ». La morale dictée était donc concentrée sur la culpabilité de l'être humain. Hors, l'être humain est doté d'intelligence et sait ce qui est bon pour lui, il n'a en aucun cas besoin de se faire dicter une quelconque loi.
Et même si ce « vaccin » était efficace, l'homme a le droit de prendre le risque de mourir quand et comme il le veut !
Liberté Corporelle
- L'homme a
le droit de manger ce qu'il veut :
de boire ce qu'il veut:
de demeurer où il veut:
de se déplacer où il veut sur la surface de la terre.
Cette section implique que nous avons le droit de dicter les actions au corps, à la fois physiques et subtiles. Ce que nous prenons dans nos corps, tout comme ce que nous permettons d'entrer dans l'esprit, détermine notre santé globale. Si nous ingérons une nourriture convenable, nous pouvons nous attendre à ce qu'elle serve à nous nourrir et à nous soutenir. Si, en revanche, nous absorbons des poisons, alors nous ne devrions pas être surpris de tomber malades. Pourtant, Crowley est d'avis que chacun a le droit de déterminer ce qu'il consomme, même s'il est considéré comme toxique par d'autres. Il comprenait que le poison d'une personne pouvait être le remède d'une autre et que le droit d'un individu de choisir devait l'emporter sur toute restriction fondée sur la peur ou l'ignorance.
Pourtant, le droit de manger et de boire comme vous le souhaitez a été contesté tout au long de l'histoire. Repensez à l'interdiction de l'alcool dans les années 1920 et de la marijuana aujourd'hui, toutes deux limitées par le droit moral fondé sur des arguments infondés. La croyance de longue date que ces substances étaient en quelque sorte immorales a créé de plus grands problèmes sociaux et économiques que nous combattons encore aujourd'hui.
Les interdictions de certains aliments ou les coutumes alimentaires continuent de faire rage dans certaines religions, l'une interdira le porc, l'autre l'alcool, une autre n'autorisera que les viandes dont la bête a été égorgée vivante, encore une autre imposera un végétalisme, etc. Les fondements de ces préceptes ne reposent que sur des croyances ou des aspects sanitaires et moraux d'une autre époque et éloigne dogmatiquement le croyant d'une liberté individuelle et de choix.
Il parle aussi dans cette partie de la liberté pour l'homme de demeurer où il veut et de sa liberté de se déplacer où il veut sur la surface de la terre. Cette question, dans les années où Crowley vivait, était encore très complexe, le libre-échange et le fait que l'aviation se soit développé ont accru cette liberté.
La liberté mentale
- L'homme a
le droit de penser ce qu'il veut:
de parler comme il veut:
d'écrire ce qu'il veut:
de dessiner, peindre, sculpter, graver, mouler, fabriquer ce qu'il veut:
de s'habiller comme il veut.
Historiquement, le droit d'un individu à penser comme il l'entend est probablement la liberté pour laquelle le plus de sang a été versé, mais il est fondamental pour établir son identité personnelle. Il est concevable qu'il ait été pour cette seule raison si violemment combattu.
Crowley définit la liberté mentale non seulement comme le droit de penser ce que l'on veut, mais aussi de s'exprimer sous une variété de formes, y compris artistiquement et dans le verbe parlé et écrit. Si nombre de ces droits sont actuellement reconnus par une grande partie du monde, cela n'a pas toujours été le cas et cette liberté reste fragile même dans les plus grandes démocraties.
Pour obtenir les libertés que nous avons, nous avons été durement combattu. Considérons la lutte historique pour des droits tels que la liberté d'expression, que Crowley a inclus dans cette section. Pour cette liberté, beaucoup de personnes connues et inconnues ont été persécutées et continuent de l'être. Ce qui a été gagné par leurs sacrifices pourrait nous être repris demain si nous devenons trop complaisants. La menace très réelle de cela n'est jamais loin, même dans le monde occidental.
Cette liberté est aujourd'hui en net recul, les lois successives concernant la liberté d'expression tendent à pratiquer la censure mais aussi poussent les individus à s'autocensurer et donc à finir par s'empêcher de penser à certains sujets. La censure numérique est elle aussi un outil pratique pour nos dirigeants afin de pratiquer leur propagande. On réduit donc la liberté de penser, parler et écrire.
Un autre point concerne la religion. Certains croyants n'hésitent pas à tuer des hommes pour des caricatures et certaines femmes doivent adopter un code vestimentaire spécifique au risque de se faire lyncher.
Il est donc primordial de toujours bien séparer ce qui vient de la liberté individuelle en opposition à ce qui provient d'une règle induite par le milieu dans lequel on évolue.
La liberté sexuelle
- L'homme a
le droit d'aimer comme il veut:
" étanches ta soif et ton désir d'amour comme tu le veux, quand, où et avec qui tu le veux." — AL. I. 51
Crowley a enseigné que l'acte sexuel était un sacrement de la volonté divine et que le profaner est une grande offense. Il croyait que toute véritable expression de celui-ci était légitime, et toute suppression ou déformation de celui-ci est contraire à la Loi de la Liberté, mais a pris soin de souligner que tous ces actes doivent être consentis entre les parties. Crowley, cependant, va plus loin en identifiant toutes les formes d'expressions sexuelles comme étant potentiellement sacrées. Sa position est en contraste direct avec la moralité de son époque qui était en conflit avec les tendances naturelles de certaines personnes, créant ainsi le péché et la culpabilité là où personne n'en avait jamais eu.
Il est à souligner que si l'on fait un détour par le circuit socio-sexuel moral de Wilson et Leary, ce que Crowley définit dans cette partie, c'est exactement ce que l'on a retrouvé plus tard dans le mouvement hippie et dans les générations issues du baby-boom, une ouverture vers une acceptation par les masses de sexualités dites minoritaires, un retour d'un certain équilibre naturel, l'homosexualité et la bisexualité ayant toujours existé.
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que l'on finirait par manipuler ce circuit dans un sens totalement à l'opposé de l'Angleterre victorienne qui avait, elle-même, manipulée les masses et laissée de forts relents puritains.
Et c'est exactement ce que l'on retrouve de nos jours avec certains lobbies qui ne sont plus dans la protection des droits des personnes de sexualités différentes de la norme établie mais bien dans la manipulation sémantique afin de modifier le circuit socio-sexuel moral des masses jusque dans l'éducation. Il y a donc un certain conflit avec le fait que tous les actes doivent être consentis entre les parties en leurs âmes et consciences, et celui que la manipulation de ce circuit peut induire un acquis qui va à l'encontre de l'inné, une sorte de manipulation mentale.
Il faut se rappeler ceci qui résume bien sa pensée : « ...les actes qui portent atteinte à l'égalité des droits d'une autre personne sont implicitement des auto-agressions. [...] Ces actes, tels que le viol et les voies de fait ou la séduction des enfants, peuvent donc être considérés à juste titre comme des infractions à la loi sur la liberté et réprimés dans l'intérêt de cette loi. », on pourrait y rajouter la manipulation via le circuit sémantique...
Le tyrannicide de sauvegarde
- L'homme a le droit de tuer ceux qui entraveraient ces droits.
La clé pour bien exercer ce droit est tout d'abord de « tuer » les choses qui vous empêchent d'accomplir votre Vraie Volonté, non seulement les choses qui vous ont mis en colère, rendu jaloux ou envieux. Et dans la plupart des cas, les véritables obstacles à la réalisation de son but dans la vie sont internes et doivent être éliminés à la source.
Tant qu'on n'est pas libéré de ces pensées indésirables et des démons qui se cachent à l'intérieur, ils ne sont pas en mesure de juger qui ou quoi doit être tué. En d'autres termes, que celui qui est libre du péché jette la première pierre.
Néanmoins, il y a aussi dans cette ligne le droit absolu de tuer ceux qui osent porter atteinte à leurs droits fondamentaux de liberté. Tout au long de l'histoire, l'humanité a dû se lever et résister à la tyrannie et à l'oppression sous des formes apparemment sans fin, ce qui a parfois conduit à des effusions de sang.
Et il est important de souligner que parfois, il est des cas où il n'y a d'autre choix que de recourir à la force pour garder ou reprendre sa liberté.
Comme le disait si bien Robert Anton Wilson : « J'aime les pacifistes. Et les gens qui s'identifient émotionnellement fortement à la pulsion de mort et à la guerre me qualifieraient probablement de pacifiste, mais je suis un non-invasif plutôt qu'un non-violent. C'est-à-dire que je crois qu'un peuple envahi a le droit de se défendre par tous les moyens nécessaires. Cela comprend mettre du verre pilé ou du poison dans la nourriture des envahisseurs, leur tirer dessus en embuscade, le sabotage, la grève générale, la révolution armée, etc. C'est aux envahis de décider laquelle de ces techniques ils vont utiliser. Ce n'est pas à un moraliste de leur dire quelles techniques sont autorisées. ».
Les déclarations finales
« les esclaves serviront. » — AL. II. 58
Dans la pensée de Crowley, les esclaves sont ceux qui n'ont pas réussi à séparer l'inné de l'acquis et se soumettent à l'autorité sans la questionner. C'est l'homme conformiste, celui qui ne va pas exercer sa Volonté divine sur cette terre dans son incarnation. Il est le faible, le lâche, car il faut se rappeler que « Dieu vomit les tièdes ».
« L'amour est la loi, l'amour sous la volonté. » — AL. I. 57
Cette dernière phrase implique que l'homme doit faire ce qu'il aime faire, c'est ce que l'on appelle la « vocation », c'est l'expression sur terre de la volonté divine à travers les actes. Il faut tout aimer dans sa propre vie et rejeter ce que l'on aime pas, ne jamais se forcer à aimer quelque chose et être fort dans cette décision.
C'est l'amour platonique du Divin, dans le sens de l'Agapé, qui mène à la Volonté Divine, la Thelema. Et ces deux mots sont les piliers que l'on trouve dans tous les temples Thélémites. L'Amour est donc sous la Volonté au sens où il faut d'abord passer par l'Amour pour obtenir la Volonté Divine, et pas comme j'ai entendu des complotistes dirent que ça montrait que c'était presque du viol parce que c'était de l'amour sous la volonté !
Comme disait le Christ : « Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie; nul ne vient au Père que par moi. » car il y a dans ces paroles toute la synthèse de ce qu'est l'Amour sous la Volonté, passer par le cœur, l'amour, le Christ ou encore Tiphareth, pour atteindre la Volonté Divine.
Conclusions
Pour finir cet article déjà très long, je rajouterai une petite chose.
Il y a dans le Liber OZ énormément de matière à discussion, même les Thélémites se battent encore sur ce texte en fonction de leurs propres conditionnements et sensibilités politiques qui ne restent que des biais profanes, mais on peut y apercevoir une lueur de ce qu'est la liberté et comment celle-ci se pratique dans le monde réel.
Bon Dimanche!
Frater Seth