
Lettre à mes amis chrétiens
Par un hérétique qui vous veut du bien
Je lis souvent des chrétiens se plaignant de la désertification des églises en France et j'entends derrière ces récits comme une petite musique que ce serait toujours la faute de l'autre si les églises se vident. Alors on va un peu parler de ça, aujourd'hui…
Pour commencer, on va parler de statistiques françaises. Dans les années 60, 91.7% des naissances donnaient lieu à un baptême, au cours des années 70, on est descendu à 82.7%, en 2000, ce n'était plus que 52%. Et si on regarde plus spécifiquement depuis 2000, on est passé de 380 093 baptêmes d'enfants de moins de 7 ans à 178 388 en 2020, donc on a encore divisé presque par deux le nombre de baptisés en 20 ans.
Et si l'on analyse les mariages à l'église, c'est encore pire, on est passé de 122 580 à 42 372 sur la même période.
Au niveau de l'évolution des croyances sur une période plus longue, 66% des français croyaient en Dieu en 1947 contre 44% en 2023. Il faut se rappeler qu'en 1947, la majorité était chrétiens alors qu'aujourd'hui, il n'y a plus que 29% de la population qui se dit chrétienne, 10% qui est musulmane et les autres obédiences représentent les 5% restant.
Et c'est chez les jeunes de moins de 24 ans que la tendance est la plus flagrante, seulement 36% croient en Dieu. Il faut donc regarder du côté de la transmission, 91 % des personnes élevées dans une famille musulmane suivent la religion de leurs parents. Cette transmission est très forte aussi chez les juifs (84 %), elle est moindre chez les catholiques (67 %) et chez les autres chrétiens (69 %).
Néanmoins, il ne faut pas croire que les 56% qui ne croient pas en Dieu soient athées, loin de là ! Il y a 18% de la population qui dit ne pas croire en Dieu ou appartenir à une religion mais qui se définit comme spirituel, croyant donc en une force invisible qu'ils ne qualifient pas, et ce chiffre monte à 31% pour les moins de 24 ans.
Voilà pour le constat, maintenant, parlons des causes !
Mon but n'est pas ici de tirer sur l'ambulance mais d'ouvrir des pistes de réflexion en regardant les causes profondes et en gardant en tête les chiffres précédemment cités. D'ailleurs, qui suis-je pour donner des conseils aux chrétiens ? Je ne suis pas un bon chrétien, moi, le méchant occultiste, mais je m'en branle, je vais quand même le faire…
Déjà, mon postulat de base est qu'on ne peut pas tout mettre sur le dos de la fin de la monarchie de droit Divin ou de la loi sur la séparation de l'église et de l'état, tout comme la totale responsabilité n'incombe pas aux lumières, au scientisme, au rationalisme, à l'universalisme, aux droits de l'homme, ce ne sont, pour ma part, que des facteurs aggravants mais pas le fond du problème.
Non, la chute du christianisme est principalement due aux chrétiens eux-mêmes. Et je vois déjà les poils qui se hérissent sur les bras de mon lectorat chrétien mais il faut regarder la réalité en face. Je ne réfute pas l'impact de tous les éléments précédemment cités mais la part de responsabilité la plus grande incombe à celui qui se laisse faire et chouine après coup parce qu'il a laissé le loup entrer dans la bergerie !
Je vais donc commencer par la question marketing, quel gros mot concernant une religion mais n'oublions pas que sans fidèle, une institution se meurt.
Si on prend comme exemple la période du Flower Power, il y a eu un renouveau d'intérêt pour Jésus, et son message de paix et d'amour a trouvé écho dans les mouvements hippies de l'époque. D'ailleurs, la Harvest Christian Fellowship qui est née à cette époque est aujourd'hui l'une des plus grandes églises aux USA, là où, en France, on a pas suivi ce schéma (revoir la diminution du pourcentage des baptêmes entre 1960 et 1970).
Alors, j'entends déjà cette petite voix me dire « Objection votre honneur, les USA, c'est du business, c'est des protestants, des évangélistes, c'est le mal ! ». Possible, mais ils continuent à remplir des églises, eux... « Objection rejetée ! ».
Il faut se rappeler que le film Jésus Christ Superstar sorti en 1973 a reçu les éloges du Pape Paul VI qui disait « Monsieur Jewison, non seulement j'apprécie votre magnifique film d'opéra rock, mais je crois qu'il amènera plus de gens dans le monde au christianisme que jamais auparavant. » alors que certains chrétiens prenaient (et prennent encore) cet opéra rock pour du blasphème parce qu'on n'y voyait pas la résurrection du Christ et que c'était du rock ! Pwwaaaa… Satanerie…
Le problème en abordant tout de la sorte, c'est que l'on voit toujours le verre à moitié vide mais jamais le côté attirant pour les masses. C'est d'ailleurs contre-productif car même si des personnes avaient eu un regain d'intérêt pour le Christ grâce au film, la mauvaise presse des croyants eux-mêmes détruisait le bénéfice : « Pourquoi j'irai dans une religion où une comédie musicale qui donne un côté sexy au Christ est rejetée par sa propre communauté ? ».
En faisant ça, vous avez laissé la porte ouverte au marketing de masse issue de courant new-ageux pervers à la Alice Bailey dont le but est le suivant :
« Les activités de Lucis Trust sont consacrées à l'établissement de justes relations humaines dans le monde ainsi qu'à la mise en pratique des valeurs et principes spirituels sur lesquels une communauté de nations, caractérisée par la stabilité et l'interdépendance, puisse se fonder. »
Pas une fois le mot Dieu dans ce crédo mais la volonté manifeste de créer une nouvelle religion qui puisse techniquement créer une forme pensée de groupe qui ne deviendra jamais un égrégore Divin car dénué de toute forme de verticalité soumise à Dieu et sans la colonne vertébrale que serait une église unifiée. Et depuis 1960, ce courant new-age a pris le pas sur les religions monothéistes en occident, ce sont une part des 18% qui se définissent comme « spirituels » mais ne croyant pas en Dieu.
Et tout ceci est sans compter le fait que tout le monde va pouvoir se retrouver dans ce courant, pourquoi ? Parce que c'est un gloubiboulga sans nom, un bobo occidental en mal de dépaysement vous parlera de chakras, de kundalini, sans comprendre les fondements des termes qu'ils utilisent, une personne à tendance chrétienne mais qui flippe de la mort intégrera la réincarnation dans sa croyance, etc.
Alors vous vous dites « J'y suis pour quoi, moi, si la génération précédente n'a pas su combler cette fuite d'adeptes ? », je répondrai que c'est toujours facile de regarder dans le miroir et se dire, c'est les autres, c'est pas moi !
Il faut se rendre à l'évidence que le chrétien n'aime intrinsèquement pas faire de la pub pour sa religion, on dirait même que, de nos jours, il a honte d'afficher son appartenance au christianisme, là où les new-ageux ont pignon sur rue et n'hésitent pas à marchander leur spiritualité déviante. Jésus a viré les marchands du Temple mais tout ce qu'on trouve à faire aujourd'hui, c'est leur nettoyer le sol pour qu'ils s'y installent tranquillement alors que le message du Christ, en lui-même portait déjà tout, paix, charité, amour et liberté…
Alors, je ne nie pas l'effet de la propagande perpétrée par les médias contre le christianisme en ne montrant que la face extrêmement sombres des dérives sexuelles qui ont entachées son image et qui ont tendance à faire que le chrétien fasse profil bas en ne souhaitant pas être associé à ça. Mais à un moment, faut arrêter de servir de paillasson à toutes les idéologies modernes qu'elles soient politiques, sociétales ou même spirituelles, et relever la tête en étant fier de sa religion. En ce sens, il est important de ne pas « tendre l'autre joue » en prenant ces mots au premier degré…
Quand on voit les spectacles satanistes de tout bord, tel « la porte des ténèbres » à Toulouse ou encore la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, vous attendez quoi pour réenchanter le christianisme ? Parce qu'il ne fait pas se leurrer, si Satan passe sur tous les médias et qu'il peut recevoir des subventions pour étaler son vomi sur le monde, c'est que vous avez abandonné ce terrain médiatique travaillant sur le circuit sémantique des masses ou à minima que votre façon de l'aborder ne fait plus rêver.
Demandez-vous pourquoi des films comme Le seigneur des anneaux, Harry Potter ou encore des feuilletons comme Charmed ont eu du succès. Demandez-vous aussi pourquoi la wicca avait 8 000 adeptes aux USA en 1990 et 134 000 en 2001. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne compare pas la wicca au satanisme, ce que je dis juste c'est que cette religion, bien que païenne, a réussi à multiplier par 16 son nombre d'adeptes en 10 ans grâce au fait que dans les périodes sombres, l'Homme a besoin qu'on remette de la magie, du rêve et de la surnature dans son cœur et que si des œuvres littéraires, cinématographies ou simplement une présence médiatique donnent envie de retourner à une pratique spirituelle, c'est déjà ça de gagné…
Et vous pouvez cracher à la gueule des ésotéristes, on y est pour rien, nous, on serait même plutôt pour réenchanter le Divin. L'Homme est par essence un homo-mythologicus comme le dit Pierre-Yves Lenoble, il faut lui permettre d'accéder à quelque chose de plus grand qui transcende la vie matérielle. Mais non, c'est plus facile de se battre contre des mecs qui ont la Foi avec un mode d'accès différent au Divin que de se retrousser les manches et de se renouveler en donnant envie aux gens de revenir à l'église.
Continuons le constat, justement par la perte de l'Esprit Divin et de Magie dans le Christianisme moderne.
En excluant systématiquement tout ce qui est du domaine du miracle et du magique pour le faire rentrer dans le domaine de la symbolique et de la parabole, on fait exactement ce que les scientistes attendent, faire passer le christianisme pour une métaphysique comme une autre.
Et oui les gars, parce que comme la magie, c'est le mal à vos yeux, faut bien trouver des pirouettes pour que tout ça rentre dans une case pour vous faire accepter par ceux qui, eux, vous chient dans la bouche à longueur de temps.
Donc, la quinzaine de guérisons et d'exorcismes dans Matthieu 8, 9 et 15, Marc 1 et 5, Jean 4 et 9, ainsi que ceux des apôtres, c'est de la médecine moderne ? La pêche miraculeuse dans Luc 5, la tempête qu'il calme dans Matthieu 8, la multiplication des pains et des poissons et sa marche sur l'eau dans Matthieu 14, la transformation de l'eau en vin dans Jean 2, tout ça, c'est de la parabole ? Et puis, je ne compte pas la résurrection de Lazare par le Christ dans Jean 11 ou encore les deux autres commises par les apôtres dans les Actes, ils étaient juste dans le coma ?
Ah, et puis j'oubliais, comme on parle des apôtres, vous connaissez déjà mon point de vue sur les actes de prophéties, de parler en langue et de théurgie dans son ensemble qu'ils promouvaient.
Passons maintenant aux solutions…
La première des choses est de redonner un esprit sacré, de la magie et de l'émerveillement dans la religion. Parce que dénoncer les dérives d'un système, chercher où se cache le Diable jusqu'à trouver des choses à redire sur sa propre religion, pointer du doigt un ennemi inatteignable de par la puissance médiatique qu'il a, c'est bien, mais c'est pas « vendeur ». Comme dirait Nietzsche : « Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abime, l'abime te regarde aussi ».
Non, clairement, il faut arrêter ce petit jeu malsain qui donne une image au chrétien de psychopathe aigri par la vie.
Et pour remettre un peu de magie dans tout ça, il faut déjà arrêter de se focaliser sur l'image du martyr sur la croix et revenir au symbolisme de la croix vide, la résurrection du Christ et tout ce que cela implique dans le christianisme et en premier lieu ce qui fait de Jésus, le fils de Dieu aux yeux du monde et l'incarnation de l'Esprit Divin sur terre. Oui, les symboles ont leur importance !
Et puis, en faisant ça, il faut remettre l'eucharistie pour ce qu'il est vraiment, la transsubstantiation du pain en corps du Christ et du vin en sang du Christ. Si votre curé ne prend ça que pour un acte symbolique, c'est déjà mort à la base…
La transsubstantiation est un acte magique, c'est faire descendre l'Esprit Divin dans la matière et transmuter une substance en une autre pour que celui qui absorbe la substance reçoive une part du Divin en lui et la transmute à son tour dans l'athanor qu'est son propre corps.
Si déjà ceci n'est déjà plus compris par l'ecclésiaste et le croyant, cet acte revient à filer une chips à son pote au bar du coin après un verre de rouge de trop.
Et c'est comme ça pour tous les sacrements. Non, le baptême n'est pas seulement faire entrer un nouveau chrétien dans la communauté comme j'ai entendu maintes fois des prêtres l'affirmer. C'est tout d'abord le premier rite d'exorcisme d'un être fraichement arrivé sur terre, c'est aussi la mise sous l'égide du Divin à travers l'égrégore chrétien. Le mariage, pareil, c'est pas uniquement une union à l'église parce que ça fait plaisir à tatie Colette ! Non… C'est une union sous la protection du Divin en toute circonstance « jusqu'à ce que la mort vous sépare ».
Apprenez à remettre tout ces sacrements dans un cadre magique, dans un acte de grâce et de Foi. Pas seulement parce que c'est écrit comme ça…
Un second point, c'est de se retrouver entre croyants, et quand je parle de croyants, je parle de gens qui ont la Foi peu importe leur obédience. Vous n'avez pas besoin d'un prêtre ou d'un curé pour l'acte d'eucharistie et encore moins d'une chapelle. Faites donc des repas ensemble et que le plus aguerri en magie ou celui qui a bien compris le fonctionnement de la transsubstantiation fasse descendre l'Esprit Divin dans le pain et le vin, partagez ce moment ensemble. Et ce n'est pas grave que certains convives soient musulmans ou juifs, je suis sûr que s'ils ont vraiment la Foi et ne sont pas dogmatiques, ils accepteront avec plaisir de partager ce moment de grâce avec vous et là, vous montrerez l'universalité du Christ.
De plus, organisez-vous pour influencer les pouvoirs publiques. Alors oui, c'est pas bien de mélanger la politique et la religion mais depuis 1905, on vous brandit le drapeau « laïcité » pour vous invisibiliser là où d'autres religions n'hésitent pas à faire pression sur les politiciens locaux et nationaux. Alors, ça suffit, vous êtes dans un pays d'essence chrétienne ! Si vous voulez qu'il y ait une crèche dans l'école primaire de votre enfant, il y aura une crèche. N'oubliez pas Matthieu 6 :10 « Que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ou encore tonton Crowley « Fais selon ta Volonté et nul ne pourra dire non ».
Le troisième point, c'est reprendre les rênes de sa religion. Demandez à vos paroisses et au diocèses de vous prêter l'église au minimum une fois par semaine, sans curé, sans messe, ce jour-là, pas de visiteurs, pas un mot dans l'église, vous pouvez même vous organiser pour qu'une personne filtre l'entrée. Ce jour-là, on entre, on s'agenouille et on fait silence, on communie avec l'Esprit Saint.
Vous verrez que les croyants apprécieront de pouvoir rentrer en oraison sans être emmerdé par un mec leur prêchant une parole empreinte de politique de tiède et sans entendre les visiteurs discuter sur « la beauté de ces sculptures ».
Demandez aussi les clés de certaines petites chapelles abandonnées pour les réhabiliter et les faire revivre, encore une fois, vous n'avez pas besoin d'un prêtre pour réinvestir les lieux et prier en son sein.
Le dernier point, c'est l'éducation religieuse. Parce que l'école, dans un passé encore proche, enseignait l'histoire de Jésus mais aujourd'hui, ils apprennent les piliers de l'Islam pour le « vivre ensemble ». Alors occupez-vous, vous-même, de leur transmettre la magie que représente leur religion, expliquez-leur que les rites, c'est comme Harry Potter, donnez-leur le goût du Divin sans prosélytisme, uniquement en leur expliquant pourquoi le message du Christ est si important.
Sans ça, vous laissez l'opportunité à d'autres de leur laver le cerveau avec de la chiasse sataniste ou à minima les détourner de la voie inhérente aux traditions du lieu où ils vivent.
Voilà, c'est fini pour cette petite lettre qui, je l'espère, vous amènera à réfléchir à vos actes de chrétiens. Vous n'avez pas besoin d'autorité religieuse si vous connaissez vos rites et vos textes sacrés, uniquement de la Foi et une communauté sur laquelle vous pouvez compter.
Fraternellement.
Frater Seth