Les risques de la magie

(Savoir raison garder)

Je vais changer cette fois de ligne éditoriale pour faire un peu de moral et de mise en garde sur la pratique de la haute magie ainsi que pour expliquer ce que j'en ai retenu ces dernières années de la pratique et de l'étude. J'avais commencé un peu dans le dernier article mais je vois de plus en plus de discours alarmant de la part de connaissances et je pense qu'il est temps d'expliquer certaines choses.

Je ne souhaite pas décourager ou faire peur au futur mage mais il y a des choses à respecter qui sont de l'ordre du sacré et des forces qui sont extrêmement dangereuses (psychiquement) si elles ne sont maitrisées et elles le sont rarement, voire jamais...

Attention, je ne fais pas ici du « pas toucher, la magie c'est chasse gardée » ou de l'égocentrisme à deux balles en disant que je suis plus « fort » qu'un profane parce que je pratique ! Je suis exposé aux mêmes risques mais je les assume pleinement. C'est juste que je ne veux pas voir une tripoté de gens déboussolés par la pratique de rituel dont ils ne comprennent pas le sens profond.

Je vais donc commencer par une petite explication kabbaliste de ce qui se passe dans un rituel.

En pratiquant un rituel d'invocation, nous créons comme une connexion entre notre plan physique (Malkuth - מלכות) et le plus haut plan que je dirais divin (Kether - כתר). Cette connexion passe par une sephirah « invisible » (Daath - דעת) qui est, pour ainsi dire, l'arbre de la connaissance du bien et du mal, que l'on retrouve dans la Genèse.

Une grande partie du système magique moderne (Théurgie ou Goétie confondues) est basée sur cette connexion passant par Daath qui serait ce portail vers le divin. Une petite traduction, si on lit chaque lettre de Daath, on se trouve Daleth ד, la porte, Ayin ע, la perception et Tav ת, la finalité.

Cette « porte de la perception » est située au niveau de la glande pinéale qui est arrosée de lumière par l'intermédiaire des yeux et est connu par beaucoup de courants, qu'ils soient hindouistes, égyptiens, musulmans, chrétiens ou juifs, comme organe de la clairvoyance. Toujours est-il que Daath, c'est en quelque sorte l'œil d'Horus ou le « all-seeing-eye ».

Comme déjà dit dans un autre article, il faut voir l'arbre des Sephiroth comme une carte du corps humain où les Sephiroth Hochmah (חכמה), la sagesse, et Binah (בינה), l'intelligence, sont respectivement les hémisphères droite et gauche du cerveau qui s'unissent en Daath (דעת), la connaissance.

Mais, alors que Binah et Hochmah sont liés à la capacité de comprendre et discerner, donc plutôt passif, Daath dirige notre capacité à influer sur la matière et le monde qui nous entoure (normalement pour le bien). Il n'est donc pas seulement récepteur mais plutôt une « antenne » à double sens.

Pourquoi est-ce donc dangereux ?

Parce que Daath n'est pas réellement une Sephirah mais plutôt une sorte de reflet de Kether dans notre corps incarné. Elle est rarement affichée sur l'arbre des Sephiroth et peu de kabbalistes en parlent car elle représente notre âme qui lie le monde des émanations dénué de toute notion d'égo au monde terrestre plutôt égocentrique. Elle est donc difficilement « explicable » et a un côté obscur qui est la folie et la déconnexion de la réalité. Aussi, un excès de Daath peut pousser l'homme vers l'orgueil et la soif de pouvoir.

Un exemple parmi tant d'autre est celui d'Eliphas Levi dans « Dogme et rituel de la haute magie » : « Schrcepffer, le fameux illuminé de Leipsik, avait jeté par ses évocations la terreur dans toute l'Allemagne, et son audace dans les opérations magiques avait été si grande, que sa réputation lui devint un insupportable fardeau; puis il se laissa entraîner par l'immense courant d'hallucinations qu'il avait laissé se former; les visions de l'autre monde le dégoûtèrent de celle-ci, et il se tua. Cette histoire doit rendre circonspects les curieux de magie cérémonielle. On ne violente pas impunément la nature, et l'on ne joue pas sans danger avec des forces inconnues et incalculables. »

Et Levi n'est pas le seul à faire cette mise en garde, Crowley parle d'abysse, où toutes les choses existent potentiellement sans loi et où elles ne sont qu'illusions folles. Agrippa en parle dans ces termes : « Alors les influences célestes d'ailleurs bonnes de leur nature deviennent malfaisantes, comme la lumière du soleil fait mal aux yeux malades... Et de cette manière, l'homme lui-même, ne correspondant pas aux puissances célestes, reçoit du mal d'où il devrait recevoir du bien.»

Je comparerai donc Daath à une boite de Pandore qui peut très bien détenir un trésor magnifique comme vous « exploser à la gueule » si vous n'êtes pas prêt psychologiquement.

En fait, toute personne n'est pas apte à recevoir certaines réalités car il est « formaté » par la vie terrestre (ses vérités) et qu'il est nécessaire de se détacher de celle-ci pour appréhender le monde supérieur et ne pas l'utiliser à mauvais escient.

D'une part, le détachement de l'égo est une des bases car c'est ce qui poussera le mage à aller du mauvais côté en utilisant la haute magie à des fins personnelles mais aussi qui le retiendra prisonnier du monde matériel en rendant inefficace tout rituel.

D'autre part, le détachement de son vécu, sans lequel, au mieux, on risquerait au mieux de se faire peur en explorant une autre réalité, on pourrait comparer cela au « bad trip » sous LSD, au pire d'attirer des entités « s'amusant » à faire peur aux néophytes et pouvant s'accrocher à leur jouet, je parle ici de larves. D'ailleurs, Levi disait ceci à ce sujet : « Rien n'est plus dangereux également que de faire de la magie un passe-temps, comme certaines personnes qui en font l'agrément de leurs soirées. Les expériences magnétiques même, faites dans de pareilles conditions, ne peuvent que fatiguer les sujets, égarer les opinions et dérouter la science. »

De plus, il est important pour tout mage de déconnecter de l'occulte car, même (et surtout) pour ceux qui pratiquent beaucoup, si l'on est fréquemment baigné dans un monde entre terrestre et divin, il y a des moments où la réalité terrestre est difficilement supportable, comme celle du divin « trop » présente, ce qui pousse le pratiquant dans une sorte d'autre dimension permanente qui peut gravement nuire à sa vie terrestre de tous les jours.

Afin de « décrocher », certains se ménagent des temps de repos, partent en ermite quelques mois, tout dépend de l'homme... Dans tous les cas, l'excès de pratique se concrétise toujours par une descente fulgurante car nous pouvons assister à une surexposition entrainant un égo surdimensionné de l'homme qui a le « pouvoir » ou à l'effet inverse du détachement total du monde terrestre qui mène à la folie.

Bref, je relate ici des bribes de lecture et d'expériences personnelles, mais tous les occultistes ont la même vision, au fond : Faites attention avec ce genre de pratique !

Comme dirait maitre Yoda : « Fais-le ou ne le fais pas, mais il n'y a pas de coup d'essai ! »

Take care.

Frater Seth

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