
Le grand complot discordiano-crowleysien
Hollywood n’a qu’à bien se tenir !
Le problème quand on s'inspire uniquement de sources d'informations biaisées par sa propre idéologie c'est qu'on ne cherche plus que des sources similaires et qu'on devient soi-même un agent du chaos que l'on croit combattre. Et lorsque l'on commence à tout assimiler à ces mêmes théories, le monde devient comme un grand complot orchestré par une grande fraternité magique noire directement issue de Crowley, de Robert Anton Wilson et des magiciens du chao.
Ce qui est bien avec ce narratif, c'est que ça évite de regarder dans la direction du vrai satanisme et ça fait fi des réels problèmes qui touchent l'être humain.
Vous savez, celui qui fait que la plupart des médias mainstreams sont dans les mains d'une poignée de milliardaires et qu'ils vous conditionnent à rester de gentils petits toutous, celui qui fait que deux fonds de placements américains comme Vanguard et BlackRock, gérant des trillions de dollars, détiennent des parts dans presque toutes les grandes multinationales, influençant l'économie mondiale, celui qui fait que les crises (guerres, pandémies, etc.) sont souvent exploitées par ces mêmes intérêts pour consolider leur emprise sur les ressources et les populations, tandis que vos gouvernements, trop souvent alignés sur la finance mondialisée, se branlent de vos gueules d'esclaves soumis, etc. etc.
Il est clair qu'une certaine frange du conspirationnisme actuel ne fait que détourner le regard des sujets important, en prenant des boucs émissaires qui, s'ils étaient encore vivants, seraient possiblement dans leur camps contre l'ordre établi. A moins que l'ordre établi convienne à ces mêmes conspirationnistes et que, de fait, ils n'œuvrent pas pour la vérité comme devrait le faire un bon chrétien mais plutôt pour le camps opposé, le principe diviseur, le Satan, sans forcément s'en rendre compte.
Car lorsque l'on est chrétien, on doit œuvrer pour le bien de son prochain et il est, à mon sens, beaucoup plus efficace de dénoncer les réels maux de notre société que de se laisser entrainer dans des théories fumeuses en mentant sciemment à son audience et en faisant reposer l'intégralité de son analyse sur « C'est les discordiens, les méchants, vous avez vu ? Trump, Musk, Jean Messiha, Oliver Stone, Kubrick, Madonna, ils sont tous discordiens ! » et pourquoi pas la Sainte Vierge ? Bah oui… Tant qu'on y est… Elle a bien fait croire à son mari qui bossait sur un toit qu'elle s'était fait engrosser par Dieu ! Le plus gros prank discordien que la terre ait connue…
Un politicien ment pour accéder au pouvoir : discordien ! Un réalisateur utilise des symboles ésotériques dans ses films : discordien ! Un milliardaire utilise son argent pour acheter un média de masse : discordien ! C'est beau, c'est beau sauf que ça n'existe pas Monsieur Attali !
Et c'est bien là le soucis avec ce biais d'analyse, tout devient discordien alors que personne ne sait réellement ce qu'est le discordianisme si ce n'est à travers d'écrits comme Ordo ab Chao de David Livingstone qui nous sert un récit palpitant où Crowley, Wilson et les magiciens du chaos forment une sorte de ligue des occultistes manipulant l'histoire depuis l'ombre. Alors ici, on va pointer les incohérences de ce récit…
L'héritage de Crowley
Dans ce récit, on nous peint Crowley (mort en 1947) comme le marionnettiste de la magie du chaos, créée par Peter J. Carroll dans les années 1970, ou du discordianisme, une parodie de Greg Hill et Kerry Thornley en 1963 ou encore ayant eu une influence sur des travaux psychanalytiques tel que pratiqués à l'institut Tavistock ainsi que de l'ennéagramme. Or, aucun de ces mouvements ou pratiques n'est son œuvre, et leurs liens avec lui sont souvent marginaux, anachroniques, voire inexistants.
Un exemple est de mettre sous une section nommée « Crowleyanity », littéralement « l'héritage de Crowley », l'ennéagramme, un outil psychologique introduit par Gurdjieff et Ouspensky dans les années 1910-1920 à l'intérieur leurs enseignements, mais dont la popularisation plus large date des années 1960-1970 via des figures comme Claudio Naranjo et est totalement absent des travaux de Crowley. On est là dans une cascade digne de Rémy Julienne car cela laisserait entendre qu'il y a une sorte d'influence de Crowley sur un outil développé par d'autres et via des liens anachroniques post-Crowley. Mais on va y revenir…
La wicca comme point de départ
Donc l'idée de base du narratif est que, comme la Wicca de Gerald Gardner (qui fut créée de 1947 à 1954) a emprunté des structures rituelles à Crowley, lorsque les deux hommes se côtoyaient à l'Ordo Templi Orientis dans les années 40, et qu'il l'a aidé à développer certains rituels pour la wicca comme les tours de guet inspirées de la Golden Dawn, Crowley serait donc derrière toutes les dérives qui ont pu se passer à la Wicca après sa mort.
Car c'est en substance ce que laisse entendre l'auteur lorsque, dans cette même section « Crowleyanity » dans le chapitre consacré à la Wicca, il prend comme exemple les faits de pédophilie et d'inceste dans l'Église et l'École de Wicca, fondée en 1968 par Gavin et Yvonne Frost dont le tristement célèbre ouvrage The Witch's Bible de 1972 incluait des rituels controversés impliquant des « initiations précoces » critiquées par la communauté païenne de l'époque.
« L'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours ».
Pour en revenir à l'ennéagramme, il faut comprendre la gymnastique d'esprit de l'auteur.
Comme Idries Shah, qui fut le secrétaire de Gardner pendant une courte période dans les années 50, a aussi été en contact avec des cercles proches de Gurdjieff et Ouspensky dans les années 60 lorsqu'ils ont popularisé l'ennéagramme, on pourrait présupposer une certaine influence de la Wicca et par extension de Crowley dans cet outil.
Mais si, en plus de ça, Idries Shah rencontra Robert Graves, un écrivain, dont un ami proche avait participé à l'édition du livre sur le lavage de cerveau d'une tierce personne, elle-même médecin à l'Institut Tavistock et relié au MK-Ultra, c'est le jackpot, on peut relier Crowley à tout ça !
Pour être totalement clair, l'auteur ne le dit pas explicitement, il utilise le discrédit par association. Car, en mettant ce chapitre dédié à l'ennéagramme sous la section « Crowleyanity » à la suite du chapitre parlant de la Wicca, il implique de fait un quelconque lien de Crowley avec l'Institut Tavistock, le MK-Ultra ainsi que l'ennéagramme via la Wicca, et ce, plus de 10 ans après sa mort, chapeau bas !
La magie du chaos
Pour bien des complotistes, Crowley serait à l'origine de la magie du chaos, ça peut s'entendre si on considère qu'Austin Osman Spare, qui fut à l'origine de ce mouvement, a été brièvement membre de l'Astrum Argentum (A.A.) comme le rappelle Livingstone.
Sauf que ce qu'il oublie de dire, c'est que Spare n'a jamais passé le rituel d'entrée à l'A.A., il est resté Probationer. Même Crowley disait de lui « Un artiste ne peut pas comprendre l'organisation, sans quoi, il aurait réussi. ».
Par la suite, Crowley lui-même considéra Spare comme un Frère Noir, était-ce à cause de leur séparation? Nul ne le sait.
D'ailleurs, Spare est mort en 1956, soit plus de 10 ans avant que Peter J. Carroll ne crée vraiment la chaos magick et les illuminés de Thanateros (IOT). Donc attribuer à Crowley une lien avec la magie du chaos, c'est faire un grand écart temporel et c'est oublier la réalité des travaux que proposait Crowley dans ses ordres, comparé à ce qui est décrit dans le Liber Null.
Même si certaines pratiques lui sont empruntées, il n'en reste pas moins que l'intégralité du cursus est fondamentalement différent et que même les buts sont différents, l'Astrum Argentum se consacrant à aider l'étudiant à trouver sa Véritable Volonté et « l'illumination » à travers une pratique spirituelle intense, souvent perçue comme élitiste, là où l'IOT rejette les structures rigides des ordres traditionnels comme l'A.A. et se consacre à une autonomisation individuelle à travers l'expérimentation magique.
Donc cette affirmation « L'influence de Crowley s'est transformée en une variante post-moderne de la magie, connue sous le nom de magie du chaos, illustrée par les Illuminates of Thanateros (IOT), une société secrète à laquelle appartenaient non seulement Timothy Leary, mais aussi Robert Anton Wilson ainsi que William S. Burroughs (note bas de page), révélant la source de son association avec le satanisme, a admis Leary. » est fallacieuse.
J'entends aussi très souvent cette petite rengaine, et qui voudrait que le « Fais ce que tu voudras sera le tout de la Loi » de Crowley serait la même chose que le « rien n'est vrai tout est permis » de la magie du Chaos. Rien n'est plus faux !
La Volonté (le « tu voudras ») exprimé dans le crédo thélémite est une Volonté Supérieure, Divine, justement appelée Théléma dans la Bible en grec, si vous vous intéressez un tant soit peu au textes sacrés. D'ailleurs, les deux piliers de la Théléma sont l'Agapé (l'Amour Divin) et la Théléma (la Volonté Divine) cela n'a donc rien à voir avec la notion très psychique du crédo de la magie du chaos…
Leary et le satanisme
Et pour continuer concernant Leary, voici ce qui permettrait de dire qu'il admit son satanisme : « nous nous étions heurtés à l'engagement judéo-chrétien pour un seul Dieu, une seule religion, une seule réalité, qui a maudit l'Europe pendant des siècles et l'Amérique depuis nos jours de fondation. Les drogues qui ouvrent l'esprit à de multiples réalités conduisent inévitablement à une vision polythéiste de l'univers. Nous avons senti que le temps d'une nouvelle religion humaniste basée sur l'intelligence, le pluralisme bon enfant et le paganisme scientifique était arrivé. »
Donc, une sorte d'illuminisme scientifique, un paganisme moderne et une utilisation des substances psychédéliques seraient satanistes maintenant ? Parce que si tel est le cas, il faut revenir au moyen-âge et à l'inquisition, les gars, le monde contemporain n'est pas fait pour vous.
Les Illuminés de Thanateros
On va maintenant parler de l'appartenance supposée de Robert Anton Wilson aux Illuminés de Thanateros dans les documents cités dans la note de bas de page suivant le nom de Burroughs au chapitre précédent : « Frater Fäustchen. "Für und -wider Magie und Liber MMM" in Shekinah no. 1. I; Douglas Grant. Magick and Photography, Ashé Journal, Vol 2, Issue 3, (2003).) » ne font pas référence à R.A.W..
L'article de Frater Fäustchen traite des arguments pour et contre la magie et du Liber MMM, un texte fondamental de la magie du chaos écrit par Peter J. Carroll, cofondateur de l'IOT et « Douglas Grant, 'Magick and Photography', Ashé Journal, Vol. 2, Issue 3 (2003) » confirme bien l'initiation de Burroughs à l'IOT lors d'une soirée de rituels, mais il ne fait aucune mention de Wilson ou de Leary.
Le problème sous-jacent que je vois est d'inclure une note de bas de page que personne n'ira vérifier, de la mettre sur le nom d'une personne dont on est sûr de son appartenance et de laisser penser que toute l'affirmation précédente est validée par la dite note.
Néanmoins, bien que cette source ne confirme pas l'appartenance de Wilson à l'IOT, elle valide l'idée que des figures littéraires et contre-culturelles comme Burroughs étaient associées à l'IOT, ce qui pourrait expliquer pourquoi Wilson est souvent mentionné dans ce contexte jusque sur Wikipédia. Après, la magie du chaos et le discordianisme ont toujours été liés par leur approche antidogmatique et leur vision relativiste de la réalité. Donc, l'appartenance de Wilson à ce mouvement pourrait tout à fait être probable.
Et pour compléter et être totalement transparent, s'il y a un lien à faire entre Wilson et la chaos magick, c'est bien à travers de Carroll. Car Wilson avait créé, début des années 2000, la Maybe Logic Academy où il abordait la méthode idéogrammique, couvrant Ezra Pound et Korzybski, le modèle à 8 circuits de conscience, avec Prometheus Rising comme texte principal, Illuminatus ! sur les conspirations, et Carroll intervenait dans cette école pour parler de magie.
Mais du coup, en tant qu'occultiste, quand j'interviens sur des chaines YouTube d'amis chrétiens, ça fait d'eux des hérétiques ? Je demande ça parce que quand on invite une personne, c'est parce qu'elle a des choses à dire sur un sujet qu'on ne maitrise pas forcément, pas qu'on fait parti de son ordre ou même qu'on adhère à son discours.
Wilson et Crowley
Si on souhaite relier réellement Robert Anton Wilson à Crowley et y faire coller le terme « Illuminati », il serait préférable de se pencher du côté de l'O.T.O. où il reçut le troisième « Adam Weishaupt Illuminati Award », le 21 Janvier 1989 par Victor Koman à la Heru-Ra-Ha Lodge de l'O.T.O. en Californie, 9 ans après que Timothy Leary reçoive ce prix pour la première fois, le 11 Juillet 1980 par Lon Milo DuQuette dans cette même loge, pour leurs travaux et principalement concernant Wilson pour « avoir élevé le niveau de conscience de notre planète ». Mais ceci reste un titre honorifique et n'implique en aucun cas son appartenance à l'Ordre.
On peut aussi parler de ses travaux tel Prometheus Rising où il cite plusieurs fois Crowley et les différentes photo le montrant avec un T-Shirt de l'Astrum Argentum, Ordre créé par Crowley. En faisait-il parti ? Qui sait...
Le problème des amalgames sans être précis, c'est que ce ne sont que des demi-vérités qui servent une histoire mais qui, au fond, ne donnent pas les faits tels qu'ils sont.
Le discordianisme : c'est le mal !
Continuons donc cette analyse par les allégations concernant les liens entre le discordianisme, l'ultra-droite, le satanisme et la mort de JFK. Oui oui… Tout ça ! On avait déjà débunké les liens entre Crowley et l'Allemagne nazi dans un autre article alors aujourd'hui, il faut bien se mettre un petit challenge supplémentaire.
Donc, toute cette histoire vient du fait que Kerry W. Thornley (fondateur du discordianisme avec Greg Hill en 1963 lors de la publication des Principa Discordia) a servi à l'Armée avec Lee Harvey Oswald, le tueur de JFK.
Lee Harvey Oswald s'est enrôlé dans les Marines en octobre 1956 et a été affecté à la base d'Atsugi au Japon en 1957-1958 où il y a servi comme opérateur radar. A la même époque, Thornley était aussi sur cette base militaire et était en contact avec Oswald, ils partageaient un intérêt pour les discussions politiques et philosophiques, notamment sur le marxisme et 1984 de George Orwell. Ils resteront en contact à leur retour à la base d'El Toro en Californie en 1959, puis se perdront de vue.
Le fait est que la base d'Atsugi était aussi connue pour être un bastion de la CIA et abriter des expérience MK-Ultra et des tests de psychédéliques officiellement jusqu'en 1953 d'après les documents déclassifiés en 2022 (donc normalement c'était fini quand Thornley et Oswald y étaient mais avec la CIA, on ne sait jamais...).
Lors de cette période, Thorney a écrit un livre The Idle Warriors (finalisé en 1962 et publié uniquement en 1991) en s'inspirant d'Oswald, dépeint comme Johnny Shellburn, avant que ce dernier ne soit associé à l'assassinat de JFK.
Ce roman contient quelques éléments « prémonitoires ». Johnny Shellburn envisage de déserter les Marines et de rejoindre l'URSS, ce qui reflète la défection réelle d'Oswald en 1959 qui s'installe à Minsk jusqu'en 1962. Certains passages du roman pourraient suggérer une propension à la violence ou à des actes extrêmes, anticipant le rôle d'Oswald dans l'assassinat. De plus, le roman décrirait un personnage manipulable, anticipant l'idée qu'Oswald aurait pu être un bouc émissaire dans l'assassinat de JFK. Jusque-là, rien de méchant, un homme utilise les traits d'une connaissance pour écrire un roman, tout écrivain a au moins fait ça une fois dans sa vie.
C'est après l'assassinat de Kennedy, en 1963, que les choses vont s'envenimer pour Thornley, lors de la commission Warren, il est appelé à témoigner tant ses choix littéraires reflètent la personnalité d'Oswald. En 1968, Jim Garrison, procureur de La Nouvelle-Orléans, lance une contre-enquête sur le meurtre de JFK, son roman devient un sujet d'intérêt pour Garrison, qui le soupçonne d'avoir des connexions avec des cercles anti-communistes, la mafia et possiblement la CIA. Thornley maintient n'avoir eu aucun contact avec Oswald après 1959 et nie toute implication dans un complot
Par la suite, l'enquête de Garrison sera critiquée pour son manque de rigueur et son caractère spéculatif. Les médias révélèrent que Garrison avait dépensé des fonds publics (8 000 dollars de l'époque) pour des investigations jugées peu concluantes. Son acharnement à poursuivre des figures comme Thornley, sans preuves solides, lui ont valu des accusations de chercher l'attention médiatique.
Néanmoins, Thornley a été profondément affecté par l'enquête de Garrison, qui l'a accusé de parjure et l'a placé sous les projecteurs comme une figure liée à Lee Harvey Oswald. Ses rencontres à La Nouvelle-Orléans avec des individus comme Jerry Milton Brooks (lié aux Minutemen, l'ultra-droite, et au FBI) et Gary Kirstein (qu'il soupçonnait d'être E. Howard Hunt, un officier de la CIA) ont alimenté sa conviction d'avoir été manipulé. Ces expériences l'ont conduit à remettre en question les motivations de nombreuses personnes autour de lui, y compris Wilson qu'il n'a connu que par la suite, mais sans accuser ce dernier de manière formelle. Dans les années 1970, après les révélations sur des programmes comme MKUltra et COINTELPRO, Thornley a développé une paranoïa croissante rapportée par ses proches.
Thornley a spéculé que l'enthousiasme de Wilson pour amplifier les théories conspirationnistes via Illuminatus! et l'Operation Mindfuck pourrait avoir été exploité par des agences de renseignement pour semer la confusion. Et c'est cette théorie qui est maintenant reprise par tous les conspirationnistes qui font des raccourcis entre le discordianisme, l'ultra-droite, la CIA et l'assassinat de JFK.
Or, Wilson était connu pour son scepticisme, son intérêt pour les théories du complot, et son approche agnostique de la réalité. Il a collaboré avec Thornley et Hill sur des projets discordiens, mais il n'a jamais été impliqué dans l'enquête de Garrison ni associé à des figures comme Oswald, Banister ou Brooks. Wilson a souvent utilisé les conspirations comme un outil littéraire pour explorer l'incertitude et l'absurde, sans nécessairement y croire.
Aucune source crédible, qu'il s'agisse de documents déclassifiés, de témoignages ou des écrits de Wilson lui-même, n'indique un lien avec la CIA. Ses archives, ses interviews et ses livres (Cosmic Trigger, Illuminatus!) montrent qu'il voyait l'Operation Mindfuck comme une entreprise artistique et philosophique, non comme un outil de renseignement.
Les spéculations sur un lien avec la CIA proviennent principalement des théories de Thornley (qui était dans un délire paranoïaque) et de cercles conspirationnistes, amplifiées par la méfiance générale envers le gouvernement dans les années 1970 que Wilson a lui-même alimenté dans ses écrits tel que : « Tous ceux qui ont déjà travaillé pour une entreprise savent que les entreprises conspirent en permanence. Les politiciens conspirent en permanence, les trafiquants de cannabis conspirent pour éviter d'être arrêtés par les stupéfiants. Le monde est rempli de complots. Conspirer est un comportement naturel chez les primates. ».
Le seul lien entre le Discordianisme et l'assassinat de JFK repose donc uniquement sur la relation passée de Kerry Thornley avec Lee Harvey Oswald. Ni Greg Hill, co-fondateur du Discordianisme, ni le mouvement lui-même n'ont été mentionnés dans l'enquête de Garrison.
Le Discordianisme, tel que décrit dans Principia Discordia (1963-1965), est une satire philosophique qui rejette les dogmes et promeut l'absurde. Il n'a ni structure hiérarchique ni agenda politique, ce qui le rend incompatible avec un rôle dans un complot organisé comme celui suggéré autour de l'assassinat de JFK. Les spéculations de Thornley sur une manipulation par la CIA (par exemple, via l'Operation Mindfuck) sont personnelles et non partagées ni par Greg Hill, ni par Robert Anton Wilson.
Je conclurai cet article par une note positive, à force de mentir à vos auditeurs, vous allez tourner en rond, cette force entropique va faire qu'à la longue vous ne fonctionnerez qu'en vase clos, comme une secte qui se replie sur elle-même pendant que nous, entre personnes de bonne volonté, chrétiens, thélémites, discordiens et d'autres obédiences nous continueront à lutter contre le mal dans l'amour de notre prochain.
L'Amour est la Loi, l'Amour sous la Volonté.
Frater Seth
